Histoires pour faire des cauchemars

Catherine Makereel - Le soir (20 août 2013)

N’ayez crainte, « Histoires pour faire des cauchemars » est bien plus ludique qu’effrayant. C’est sûr, on y évolue surtout dans le noir, on y croise d’étranges créatures, on y perçoit des bruits inquiétants. C’est vrai que les plus petits serreront très fort la main de leur parent ou se blottiront peut-être même sur leurs genoux, en quête d’un peu de réconfort. Mais ces histoires de cauchemars sculptés par la Cie FAST sont surtout une matière de rêve pour tous les amateurs de théâtre absurde et décalé.

Un cri d’effroi et la célèbre musique angoissante du « Psychose » d’Alfred Hitchcok ouvrent le spectacle, donnant tout de suite le ton d’une compagnie qui n’a pas envie de ménager son jeune public, et c’est tant mieux ! Inspirée d’une pièce du Québécois Etienne Lepage, Anne Thuot a imaginé un dispositif assez déjanté qui joue malicieusement avec tous ces fantasmes qui peuplent nos nuits.

La bonne idée de ce spectacle réside dans sa façon de coller à la manière dont la nuit distord notre perception des évènements, la façon dont la peur déforme nos sensations. C’est ainsi que les jeux de lumière jouent malicieusement avec nos nerfs, baladant tel comédien à la lueur d’une lampe torche, enveloppant de clair-obscur tel autre cauchemar. Emmenée par un duo formidable – Eno Krojanker et Yannick Duret – la pièce rebondit avec pêche entre ces rêves tourmentés, d’une incongruité ultra comique. Des rêves d’enfants où l’on croise de la gelée fluo en guise de morceau de chocolat, point de départ d’inextricables interrogations morales sur le partage et l’amitié ; des poupées géantes aux cheveux tentaculaires et dangereux ; des gorilles aux pattes à paillettes ; une petite fille à l’étrange blocage verbal. On retrouve la patte du collectif TOC dans ce bric-à-brac baroque, sorte de psychanalyse espiègle des rêves où l’on joue à se faire peur. Les enfants adorent !